L’introduction de l’euro numérique pourrait coûter jusqu’à 18 milliards d’euros aux établissements bancaires de la zone euro. C’est le chiffre choc révélé par une étude du cabinet PwC, alors que la Banque centrale européenne (BCE) s’apprête à lancer cette nouvelle forme de monnaie digitale. Si le projet vise à moderniser les paiements et renforcer la souveraineté européenne, il soulève de vives inquiétudes dans le secteur bancaire. Derrière les promesses d’innovation, un coût technologique et humain titanesque pourrait bien freiner l’élan. Alors, l’euro numérique est-il un levier de progrès ou un fardeau financier ?
Un chantier monétaire stratégique aux coûts exponentiels
Lancé par la BCE, l’euro numérique ambitionne de devenir un moyen de paiement électronique universel, gratuit pour les usages quotidiens, et accepté dans tous les pays de la zone euro. Il vise à accompagner la numérisation de l’économie, réduire la dépendance aux géants du paiement privés comme Visa ou Mastercard, et contenir l’essor des stablecoins.
Mais selon le cabinet PwC, le prix de cette transition pourrait s’avérer exorbitant pour les banques. Sur un échantillon de 19 grands établissements européens, les coûts d’intégration sont estimés à plus de 2 milliards d’euros sur quatre ans. En extrapolant à l’échelle de l’Union monétaire, la facture globale grimperait à 18 milliards d’euros, un niveau sans précédent pour une réforme monétaire de cette ampleur.
Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg : ces estimations ne prennent pas encore en compte des fonctionnalités cruciales comme les paiements hors ligne, la gestion de comptes multiples ou l’adaptation des systèmes de caisse chez les commerçants. À ce stade, le coût total pourrait encore augmenter de manière significative.
🔷 Prêt à accélérer ta réussite crypto à nos côtés ? Réserve un appel avec notre équipe : CLIQUE ICI
Entre pression réglementaire et impasse stratégique pour les banques
Le rapport PwC indique que près de 75 % des dépenses seront consacrées à des chantiers techniques : adaptation des applications mobiles, des distributeurs automatiques (ATM), et des terminaux de paiement. Mais au-delà des infrastructures, c’est l’organisation humaine qui vacille : 46 % des ressources spécialisées des banques seraient accaparées chaque année pour piloter la transformation.
Ce bouleversement interne risque de provoquer un effet d’éviction. De nombreux établissements redoutent de devoir geler ou retarder d’autres projets innovants, notamment dans le domaine des stablecoins ou des services financiers personnalisés. Interrogé à ce sujet, Jérémie Rosselli, DG de N26 France, affirme que sa banque n’a reçu « aucune directive concrète » sur l’intégration de l’euro numérique, alors que la BCE vise un lancement dès octobre 2025.
Dans ce contexte, certains acteurs envisagent de recentrer leurs investissements vers des solutions plus agiles et rentables, comme les monnaies numériques privées. Un scénario qui pourrait accentuer le décrochage des banques européennes face aux fintechs mondiales.
Conclusion : un virage monétaire qui appelle à la prudence
La promesse d’un euro numérique est incontestable sur le plan stratégique. Elle incarne une vision de souveraineté monétaire et d’inclusion numérique. Mais la réalité du terrain oblige à la lucidité : sans modèle de financement équilibré, les banques risquent de payer le prix fort d’une mutation qu’elles ne pilotent pas entièrement.
À l’heure où la BCE accélère, une question demeure centrale : comment garantir une transition équitable qui n’étouffe ni la compétitivité ni la capacité d’innovation des acteurs bancaires ?