Alors que les marchés redoutaient une escalade généralisée, Donald Trump a décrété une trêve tarifaire de 90 jours pour plus de 75 pays. Mais Pékin, elle, n’échappe pas au feu : les droits de douane américains sur les produits chinois grimpent brutalement à 125 %. Cette manœuvre ciblée révèle une stratégie agressive de la Maison-Blanche, bien décidée à isoler la Chine tout en évitant une riposte mondiale. Que cache réellement ce coup de théâtre tarifaire ?

Trump souffle le chaud et le froid sur le commerce mondial

Depuis son retour tonitruant à la présidence, Donald Trump multiplie les offensives commerciales, fidèle à sa ligne dure du « deal maker » nationaliste. Le 2 avril, il annonce une taxe globale de 10 %, assortie de surtaxes spécifiques destinées à entrer en vigueur dès le 5 puis le 9 avril. Objectif : forcer des renégociations bilatérales en faveur des États-Unis. Mais cette stratégie de choc n’est pas sans risques : en l’espace de quelques jours, l’inquiétude gagne les marchés et les partenaires économiques historiques de Washington.

Face à la pression internationale et à la menace d’un chaos commercial mondial, la Maison-Blanche décide d’un virage partiel. Le 10 avril, Trump annonce une pause de 90 jours sur les hausses tarifaires pour plus de 75 pays, une mesure saluée comme un signe d’apaisement. Les indices boursiers repartent timidement à la hausse, les investisseurs retrouvent (un peu) leur souffle.

Mais derrière cette accalmie apparente, un message sans équivoque se dessine : la Chine est dans le viseur. Le même jour, les États-Unis annoncent une hausse vertigineuse des droits de douane à 125 % sur les importations chinoises. Une riposte directe à la taxe de 84 % imposée par Pékin quelques heures plus tôt. La guerre commerciale sino-américaine est relancée avec une intensité inédite.

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Une stratégie de pression maximale aux conséquences incertaines

Ce coup de semonce économique s’inscrit dans une stratégie claire : isoler la Chine et fracturer les alliances commerciales multilatérales. En épargnant temporairement la majorité de ses partenaires, Trump espère rallier un front anti-Pékin tout en évitant l’unification des représailles. Une logique de « diviser pour mieux régner », déjà éprouvée lors de son premier mandat.

Mais cette politique comporte de nombreux risques. D’abord, celui d’un durcissement des contre-mesures chinoises : restriction sur les terres rares, sanctions technologiques, ou encore boycott ciblé de produits américains. Ensuite, un affaiblissement de l’OMC, déjà marginalisée, et une fragmentation plus profonde du commerce international. À terme, ce climat instable pourrait freiner les flux d’investissement et perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Enfin, les entreprises américaines elles-mêmes pourraient faire les frais de cette surenchère douanière. Beaucoup dépendent encore des composants et matières premières chinoises. Une hausse brutale des droits d’importation pourrait entraîner des hausses de prix, des tensions sur les marges et une pression accrue sur le consommateur final. Une spirale inflationniste n’est pas à exclure.

Conclusion :

En épargnant (momentanément) ses alliés tout en accentuant la pression sur Pékin, Trump joue une partition risquée : celle d’un équilibre instable entre offensive ciblée et désescalade calculée. Si la manœuvre rassure à court terme les marchés, elle alimente surtout une nouvelle phase de tensions entre les deux premières puissances mondiales.

La question est désormais de savoir jusqu’où les deux géants sont prêts à aller. Sommes-nous à l’aube d’un nouveau cycle de guerre commerciale mondiale, ou d’un bras de fer contrôlé aux marges de la diplomatie économique ?