Jeudi 9 octobre 2025, Ocean Protocol a annoncé son retrait immédiat de l’Artificial Superintelligence Alliance (ASI), coalition emblématique formée avec Fetch.ai et SingularityNET pour fusionner blockchain et intelligence artificielle. Créée en 2024 pour bâtir un écosystème IA décentralisé sous le token unique FET, l’Alliance n’a pas su convaincre ni sur le plan technologique ni financier. Cette rupture pose une question brûlante : l’IA et la crypto peuvent-elles vraiment coexister dans une structure unifiée ?

Une alliance ambitieuse mais fragile

Au printemps 2024, l’annonce de la création de l’Artificial Superintelligence Alliance avait suscité un fort engouement. L’idée ? Fédérer trois projets majeurs de la crypto-IA — Fetch.ai, Ocean Protocol et SingularityNET — autour d’un jeton commun (FET), pour rationaliser les efforts de développement, mutualiser les ressources et construire une pile technologique cohérente. Un pari audacieux, fondé sur la conviction que la décentralisation de l’intelligence artificielle était non seulement possible, mais nécessaire.

Mais un an plus tard, l’enthousiasme a cédé la place au doute. Malgré quelques initiatives communes — podcasts, événements communautaires, expérimentations techniques — l’impact de l’ASI Alliance est resté marginal. La baisse de 62 % du prix du FET en 12 mois, et une capitalisation désormais sous les 1,5 milliard de dollars, témoignent d’un essoufflement profond de cette narrative « crypto + IA », pourtant omniprésente dans les discours.

C’est donc dans un climat de désillusion que Ocean Protocol a annoncé son retrait, précisant que son financement est désormais autonome. Si les raisons officielles restent floues, le timing ne trompe pas : la dynamique de l’alliance semble avoir atteint un plateau, sinon un mur.

Un signal d’alerte pour les projets crypto-IA

L’échec de cette alliance n’est pas seulement structurel, il est aussi symbolique. Il met en lumière les limites actuelles de la convergence entre IA et blockchain : deux secteurs porteurs, mais aux temporalités, objectifs et écosystèmes souvent discordants. L’un évolue à la vitesse des modèles de langage, l’autre à celle des consensus décentralisés. Fusionner les deux exige plus qu’un alignement stratégique : cela demande une cohérence de vision et une intégration technologique profonde, qui semble encore hors de portée.

La déclaration de l’ASI Alliance, insistant sur des divergences naturelles et l’absence d’impact sur la pile technologique, ne masque pas une certaine perte de crédibilité. Sans Ocean Protocol, la légitimité de l’Alliance vacille, même si Fetch.ai et SingularityNET tentent de rassurer les investisseurs en affirmant que leur mission reste inchangée. Reste à voir si le marché suivra.

En parallèle, cette séparation pourrait ouvrir une nouvelle phase d’indépendance stratégique pour Ocean Protocol, dont le positionnement sur la gouvernance et la monétisation des données reste unique dans l’univers Web3. Un recentrage sur ses fondamentaux pourrait même s’avérer plus payant que l’intégration dans une alliance perçue comme artificielle.

CONCLUSION : La fin d’un rêve unificateur ?

En se retirant de l’ASI Alliance, Ocean Protocol remet en question la viabilité des alliances stratégiques entre projets crypto et IA. Cette rupture souligne qu’il ne suffit pas d’agréger des promesses technologiques pour faire émerger une vision partagée et fonctionnelle. Derrière les effets d’annonce, l’intégration réelle reste le véritable défi.

Mais faut-il pour autant enterrer le rêve d’une intelligence artificielle décentralisée ? Ou au contraire, ce désengagement marque-t-il le début d’une nouvelle ère, moins spéculative et plus pragmatique ? L’avenir nous dira si ces projets peuvent se réinventer hors des alliances ou s’ils resteront prisonniers d’un récit trop ambitieux pour être réalisé.

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