Jamais l’Espagne n’avait connu une telle catastrophe environnementale. Depuis le début de l’année 2025, plus de 343 000 hectares de forêts et de terres agricoles ont été réduits en cendres, selon le Système Européen d’Information sur les Incendies de Forêt (EFFIS). Ce chiffre dépasse désormais le triste record de 2022 (306 000 hectares), faisant de cette année la pire jamais enregistrée. Avec 23 foyers d’incendie de niveau 2 encore actifs, représentant une menace directe pour les populations, le pays est en état d’alerte maximale. Quatre personnes ont déjà perdu la vie, tandis que des milliers d’évacuations sont en cours dans les zones les plus touchées. L’Espagne est à nouveau l’épicentre d’un phénomène en accélération : la transformation du sud de l’Europe en poudrière climatique.

Une saison des feux d’une intensité sans précédent

L’année 2025 marque un tournant historique. Alors que 2022 était jusqu’ici l’année la plus dévastatrice avec 306 000 hectares calcinés, le seuil des 343 000 hectares vient d’être franchi, selon l’EFFIS. Les régions d’Extrémadure, de Galice et de Castille-et-León sont les plus lourdement frappées, avec des incendies qualifiés de « niveau 2 », c’est-à-dire présentant une menace grave et directe pour la population, comme l’a indiqué Virginia Barcones, directrice de la Protection civile.

La violence des flammes est telle que la fumée est visible depuis l’espace. Elle rend les interventions aériennes extrêmement complexes, selon la ministre de la Défense Margarita Robles, qui évoque une situation « très difficile, très compliquée ». Sur le terrain, les témoignages révèlent un quotidien apocalyptique : ciel obscurci, odeur de cendre omniprésente, masques portés par les habitants pour se protéger des particules toxiques.

La multiplication des mégafeux, favorisée par des températures records, la sécheresse chronique et des vents soutenus, transforme désormais le calendrier des incendies : la saison des feux s’étale désormais sur plus de huit mois, perturbant gravement l’écosystème, la vie locale et l’économie rurale.

Une crise systémique aux conséquences humaines et géopolitiques

Au-delà des hectares perdus, ce sont des milliers de familles contraintes à l’évacuation, parfois en urgence. À Ribadelago, en Castille-et-León, des opérations de déplacement massif de population sont en cours. L’impact humain est dramatique, avec quatre décès en Espagne – dont un pompier – et deux au Portugal, pays également ravagé par les flammes. Depuis janvier, plus de 560 000 hectares ont brûlé dans les deux pays, confirmant l’ampleur régionale du phénomène.

Économiquement, les répercussions sont colossales. L’agriculture, la sylviculture et le tourisme rural, piliers de l’économie des régions sinistrées, sont paralysés. Des dizaines d’exploitations détruites, des milliers d’hectares de cultures – vignes, oliviers, céréales – partis en fumée. Le coût de reconstruction se chiffrera en milliards, sans compter la perte de biodiversité et la destruction d’habitats naturels.

Face à l’ampleur du désastre, le Premier ministre Pedro Sánchez a annoncé un « pacte national pour faire face à l’urgence climatique ». Il s’agit d’une réponse politique forte à une crise qui dépasse le cadre des feux de forêt pour poser la question de l’adaptation des sociétés au réchauffement global. Car ces incendies, comme les vagues de chaleur, sont à la fois conséquences et accélérateurs du dérèglement climatique, créant un cercle vicieux de plus en plus difficile à briser.

CONCLUSION : L’Espagne face à la réalité d’un nouveau climat

Ce nouveau record de 343 000 hectares brûlés en Espagne en 2025 ne doit pas être perçu comme un événement exceptionnel, mais comme le nouveau visage d’un climat déréglé. Il sonne l’alarme d’une transformation profonde qui appelle des réponses structurelles, bien au-delà des urgences ponctuelles. Prévention, reforestation, gestion forestière, adaptation urbaine, solidarité européenne : l’heure est à l’action globale.

L’Espagne est-elle prête à refonder son modèle territorial et écologique pour survivre à la décennie des mégafeux ? La réponse se joue maintenant, dans les cendres encore fumantes de l’été 2025.

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