Le 24 juillet 2025, l’Algérie a fait un choix sans équivoque : interdire totalement les cryptomonnaies. Par la loi n° 25‑10, le pays criminalise non seulement l’utilisation du Bitcoin et autres actifs numériques, mais aussi leur possession, leur minage et leur promotion. Une décision qui contraste fortement avec les politiques d’encadrement adoptées par d’autres pays africains. En ligne de mire : la lutte contre le blanchiment d’argent et la volonté de sortir de la « liste grise » du GAFI. Mais cette interdiction absolue suscite de nombreuses interrogations sur son efficacité, ses motivations réelles et ses conséquences pour les citoyens algériens.
Une loi de rupture face à la montée des cryptomonnaies
Le texte, publié au Journal officiel le 24 juillet 2025, ne laisse aucune marge d’interprétation : toute forme d’activité liée aux cryptomonnaies est désormais interdite. Cela inclut l’achat, la vente, l’utilisation comme moyen de paiement ou d’investissement, la détention de portefeuilles numériques, le minage, ainsi que la simple promotion de ces actifs. Même les plateformes comme Binance ou Bybit, accessibles via VPN, sont visées.
Cette interdiction fait suite à une refonte du dispositif légal anti-blanchiment datant de 2005, et renforce la loi de 2018 qui interdisait déjà l’usage des monnaies virtuelles sans toutefois définir de sanctions précises. Désormais, tout contrevenant s’expose à des peines allant de 2 mois à 1 an de prison, et à une amende pouvant atteindre 1 000 000 dinars algériens (environ 7 700 dollars). Le cumul des deux peines est également prévu, mettant un coup d’arrêt définitif à un secteur encore embryonnaire dans le pays.
Si la décision intervient dans un contexte où le Bitcoin tutoie ses records historiques, elle reflète surtout une volonté de l’État algérien de reprendre le contrôle sur les flux financiers. Les autorités redoutent que ces actifs numériques facilitent le financement du terrorisme, la fraude fiscale et les transferts de fonds non déclarés, dans un pays encore sous surveillance du GAFI.
Un isolement numérique assumé aux conséquences incertaines
Ce choix sécuritaire fait de l’Algérie l’un des rares pays au monde à opter pour une interdiction absolue de l’écosystème crypto, alors même que plusieurs États africains prennent le chemin inverse. Le Nigeria, par exemple, a récemment lancé sa propre monnaie numérique (eNaira), tandis que le Maroc travaille à une régulation progressive pour encadrer ces nouveaux actifs, perçus comme des leviers de croissance financière.
Pour Alger, le pari est clair : couper court à tout usage illégal ou non contrôlé. En ciblant aussi le minage hors réseau, très actif dans le Sud du pays grâce à l’électricité subventionnée, l’État veut tarir toute source de contournement, y compris via les réseaux VPN. Mais cette stratégie soulève une autre problématique : comment surveiller efficacement un univers aussi décentralisé et anonyme ?
Par ailleurs, cette interdiction soudaine risque d’avoir un impact direct sur une jeunesse très active sur les réseaux sociaux, où la promotion de cryptos — notamment via TikTok — s’était largement développée. En criminalisant la simple détention, le gouvernement place aussi les détenteurs actuels dans une situation précaire, où toute déclaration pourrait se retourner contre eux. Une « amnistie » ou un délai de régularisation n’étant à ce jour pas évoqués, la zone grise légale devient un terrain miné.
Conclusion: Une interdiction brutale à contre-courant des tendances mondiales
L’interdiction totale des cryptomonnaies en Algérie marque un tournant répressif dans la gestion de l’innovation financière. À rebours de la tendance mondiale, le pays se ferme à un pan entier de la technologie blockchain, au nom de la lutte contre les dérives financières. Mais ce choix radical ne va-t-il pas freiner l’innovation, l’investissement numérique et l’émergence d’une économie numérique locale ?
L’Algérie gagnera-t-elle en sécurité ce qu’elle perdra en attractivité ? Et surtout, cette mesure sera-t-elle réellement efficace pour endiguer les usages clandestins des cryptos, ou ne fera-t-elle que les renforcer dans l’ombre ? Le débat est désormais ouvert.
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