Depuis début 2023, le monde des cryptomonnaies est confronté à une menace bien réelle, loin de la volatilité des marchés : celle des kidnappings ciblés. En France, plus d’un quart des agressions visant des figures crypto ont été recensées depuis le début de l’année. Un chiffre alarmant, qui révèle l’emprise d’un gang structuré, mené par Badiss Bajjou, désormais arrêté au Maroc après une traque longue de plus d’un an. Retour sur cette affaire hors norme qui mêle rançons en Bitcoin, évasion internationale et infiltration carcérale.

Une vague criminelle organisée depuis 2023

Derrière cette série d’enlèvements spectaculaires se cache un mode opératoire rodé, construit autour d’un objectif : extorquer des millions d’euros à des figures influentes du Web3. L’alerte a été donnée en 2023, après l’enlèvement du père d’un entrepreneur crypto français, une affaire marquante ayant entraîné le versement d’une rançon de 1,7 million d’euros. Ce premier acte criminel a permis aux autorités de remonter un réseau structuré, dont les actifs ont partiellement été saisis — plus de 800 000 euros ont été bloqués sur Binance.

Mais le coup de filet ne met pas fin aux agissements du groupe. Si plusieurs complices sont arrêtés, le cerveau de l’opération, Badiss Bajjou, s’enfuit au Maroc, échappant ainsi à la justice française. Pire encore, il profite de cette cavale pour réorganiser son réseau depuis l’étranger, avec l’aide de son acolyte Djelloul C., pourtant incarcéré en France.

La situation prend une tournure encore plus sombre en 2024 avec l’enlèvement du cofondateur de Ledger et de sa compagne, victimes d’actes de torture. Cette escalade de violence choque l’écosystème crypto, qui commence à prendre la mesure du danger sécuritaire qui le guette.

Enjeux sécuritaires, impact sur l’écosystème crypto et perspectives judiciaires

L’affaire révèle une faille criante dans la sécurité des personnalités crypto, souvent peu protégées malgré la valeur des actifs qu’elles détiennent ou influencent. Certains entrepreneurs, comme la célèbre “Bitcoin Family”, ont depuis revu drastiquement leurs protocoles de sécurité personnelle, allant jusqu’à recourir à des gardes du corps et à des systèmes de surveillance renforcés.

D’un point de vue géopolitique, cette affaire souligne également la complexité des coopérations judiciaires internationales. L’arrestation de Badiss Bajjou le 3 juin 2025 au Maroc, grâce à une procédure de dénonciation officielle, marque une avancée cruciale, mais non sans tensions : sa double nationalité complique les démarches d’extradition, et la fragmentation des procédures entre juridictions françaises ralentit les poursuites.

Pour les autorités françaises, le défi est désormais double : sanctionner efficacement le réseau criminel tout en protégeant un secteur économique en pleine croissance, estimé à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Car si les motivations de ces gangs sont claires — récupérer des crypto-actifs facilement transférables et difficilement traçables —, leur efficacité met en lumière une urgence à mieux sécuriser l’écosystème, tant sur le plan numérique que physique.

Conclusion:

Avec l’arrestation de Badiss Bajjou, la justice française tient enfin l’un des pivots d’un système de chantage violent qui aura profondément marqué l’univers crypto européen. Reste à savoir si les enquêtes éclatées sur plusieurs territoires permettront une réelle consolidation des charges pour rendre justice à toutes les victimes.

Cette affaire sonne-t-elle le glas d’une insécurité chronique dans la sphère Web3 ou n’est-elle qu’un avant-goût des nouveaux risques à venir pour les détenteurs de cryptomonnaies ? Une chose est sûre : l’ère de l’anonymat tranquille semble désormais révolue.

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