Le shutdown fédéral américain, qui dure depuis plus de trois semaines, met un coup d’arrêt brutal à l’industrie crypto. La SEC, fonctionnant à moins de 10 % de ses effectifs, a suspendu le traitement de 155 demandes d’ETF crypto, un chiffre record révélé par Bloomberg. Derrière cette paralysie administrative, ce sont les ambitions des géants financiers et les espoirs du marché qui s’effritent, à un moment où l’approbation semblait imminente. Le rêve d’un « Cointober » se transforme en cauchemar réglementaire.
Une SEC paralysée, un marché gelé
Depuis le 1er octobre 2025, les États-Unis vivent un nouveau shutdown, conséquence directe d’un bras de fer budgétaire entre démocrates et républicains. L’impasse bloque le financement de nombreuses agences fédérales, dont la Securities and Exchange Commission (SEC), réduite à gérer uniquement les urgences avec moins de 10 % de son personnel actif. Un contexte qui a forcé l’institution à geler le traitement des demandes d’ETF crypto, pourtant en forte croissance.
Bloomberg recense 155 produits en attente d’approbation, un chiffre sans précédent dans l’histoire des actifs numériques cotés. Ces ETF couvrent un large éventail de cryptomonnaies, du Solana au XRP, en passant par Cardano, Dogecoin, Polkadot ou HBAR. Ce boom reflète l’intérêt croissant des institutions financières comme BlackRock, Grayscale, Bitwise ou Franklin Templeton, qui espéraient surfer sur le nouveau cadre réglementaire mis en place par la SEC en septembre.
Ces nouvelles règles, calquées sur celles des ETF matières premières, visaient à accélérer le processus de validation. L’initiative aurait pu faire de l’automne 2025 un tournant historique pour la finance crypto… mais la paralysie fédérale a tout suspendu, transformant l’espoir en frustration.
Des conséquences lourdes et un horizon incertain
Le blocage intervient au pire moment. L’analyste Eric Balchunas avait surnommé ce mois d’octobre « Cointober », tant les signaux étaient positifs pour une vague de validations. Les ETF Ethereum avec staking de BlackRock, le Hedera Trust de Grayscale, ou encore les ETF Solana et XRP de Franklin Templeton, tous attendaient une décision entre le 30 octobre et le 14 novembre. Désormais, aucune réponse n’est attendue avant fin novembre, voire décembre.
Même si le shutdown prenait fin cette semaine — comme l’a suggéré Kevin Hassett sur CNBC — les analystes estiment que quatre semaines supplémentaires seraient nécessaires pour traiter l’arriéré. Cette latence ajoute une incertitude majeure pour les acteurs du secteur, qui comptaient sur cette vague réglementaire pour renforcer la légitimité des crypto-actifs auprès des investisseurs traditionnels.
Au-delà des retards, c’est la crédibilité du cadre américain qui est mise en cause. Alors que d’autres juridictions, comme l’Europe avec le MiCA, avancent sur la régulation crypto, les États-Unis risquent de perdre leur leadership au profit de zones plus réactives. Un paradoxe pour une nation qui héberge la majorité des géants de l’investissement financier.
CONCLUSION : Vers un virage manqué pour les ETF crypto ?
Ce shutdown souligne avec force la fragilité du système de régulation américain lorsqu’il est exposé à des tensions politiques internes. Pour les cryptos, c’est un retard stratégique à l’échelle mondiale, à un moment charnière pour leur adoption institutionnelle. À court terme, les investisseurs devront patienter. À moyen terme, la confiance dans la capacité des États-Unis à encadrer les crypto-actifs de manière stable pourrait s’éroder.
La question demeure : cette crise passagère sera-t-elle un simple contretemps ou le révélateur d’un besoin profond de réforme dans la gestion réglementaire américaine ? Les prochains mois seront décisifs.
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